Course-poursuite échevelée du fin fond de l'Orient aux confins de l'Europe entre deux superbes jeunes gens faits l'un pour l'autre mais que le destin s'obstine à séparer ; fidélité absolue et trahison subite ; monarques despotiques et despotes éclairés ; combats sanguinaires contre des lions féroces ou des brûleurs d'humains et étreintes passionnées ; morts cruelles et résurrections miraculeuses ; fééries dignes des Mille et Une Nuits mais aussi portrait caustique de son époque : La Princesse de Babylone, c'est tout cela, et bien plus encore.
Ce conte philosophique plein d'énergie, de dynamisme et d'humour n'est pourtant pas le fruit d'un jeune auteur plein de fougue : lorsque Voltaire publie La Princesse de Babylone, c'est en effet un vieil homme de soixante-treize ans, un intellectuel parmi les plus célébrés de son temps, mais aussi un homme déçu par des échecs personnels, malmené par le pouvoir et lassé par les combats incessants qu'il mène contre toutes les formes d'absolutisme et d'intolérance.
Longtemps, Voltaire se méfiera des fantaisies littéraires : seuls comptent pour lui les grands genres classiques, telles l'épopée ou la tragédie ; ce n'est que vers quarante ans qu'il s'emploiera à livrer ces petits récits caustiques appelés contes philosophiques qu'il regarde avec détachement et qui pourtant resteront pour la postérité le versant le plus enthousiasmant de son œuvre. En effet, au-delà du pur plaisir narratif de ces contes au rythme trépidant, Voltaire porte un regard à la fois caustique et attendri, profondément humain, sur son époque, et les différents personnages sont autant de facettes d'un auteur au crépuscule de sa vie mais à l'esprit plus vif et vert que jamais.
Sans plus attendre, suivons les traces d'Amazan et Formosante, chevauchons avec eux à dos de licornes, cinglons les airs en compagnie d'un phénix ou fendons des flots houleux à la découverte d'un monde merveilleux, miroir déformé de l'Europe des Lumières.
Bienvenue dans La Princesse de Babylone.
